Projet « Transformation des métiers, changement et violence au travail » (Mélia ARRAS-DJABI)

Mélia Arras-Djabi a réalisé sa thèse sur la resocialisation des employés expérimentés confrontés à des changements de rôle. Il s’agissait plus précisément d’analyser les parcours de socialisation des individus confrontés à une transformation profonde de leur métier (du collectif, des gestes métiers et de la projection de leur rôle dans l’organisation).

Les résultats de sa thèse ont été mobilisés dans un premier article paru dans M@n@gement.

Dans cet article, qui a fait également l’objet d’une communication sur Xerfi Canal, les auteurs (Mélia Arras-Djabi et Delphine Lacaze) constatent que les recherches sur la socialisation organisationnelle s’intéressent majoritairement à l’inclusion de nouvelles recrues au sein d’organisations stables. En contrepoint, elles étudient la resocialisation des employés expérimentés confrontés à des changements planifiés de leurs attentes de rôle. Réalisée au sein d’une grande organisation ferroviaire européenne en transformation, une étude qualitative a été réalisée à partir de 35 cas de resocialisation de salariés expérimentés. Les résultats apportent trois principales contributions : ils révèlent quatre formes de resocialisation typiques qui s’échelonnent sur le continuum allant du succès à l’échec de la resocialisation – la conviction, la débrouillardise, la résignation, la transgression ; ils permettent de reconsidérer les indicateurs de succès et d’échec de la resocialisation. Pour la conviction et la transgression, les cognitions/affects (adhésion) et les comportements (orientation du rôle) sont clairement en cohérence – de même que les dimensions de socialisation qui agissent soit comme des ressources, soit comme des freins. En revanche, la débrouillardise et la résignation révèlent des formes de resocialisation ambivalentes. Enfin, les résultats mettent en exergue trois ressources et freins à la resocialisation qui agissent de manière spécifique dans cette étude sur les employés expérimentés (le réseau relationnel, la continuité/discontinuité biographique et le rôle de l’organisation). Des enseignements pour l’accompagnement à la resocialisation des employés expérimentés en sont tirés.

Le deuxième sujet qui a émergé des données de terrain – collectées dans le cadre de l’étude sur la socialisation des employés expérimentés et d’une recherche-intervention menée pour le compte de la SNCF sur les problématiques d’inclusion dans les métiers de la conduite – concernait la violence au travail et plus précisément, les phénomènes de boucs-émissaires. La socialisation des employés expérimentés entraîne dans certains collectifs professionnels des mécanismes d’exclusion de figures du changement érigées en boucs-émissaires. Mélia Arras-Djabi a donc poursuivi ses investigations sur ce sujet avec une co-autrice (Oriane Sitte de Longueval) en relisant les données de terrain à l’aune des mécanismes de régulations des boucs-émissaires en contexte organisationnel. Ceci a fait l’objet de deux communications académiques centrées sur les figures du changement et d’un article scientifique paru dans M@n@gement qui se concentre sur les mécanismes de régulation du phénomène. Plus largement, la crise sanitaire inédite que nous avons traversée a interrogé le rôle que jouent l’instrumentalisation des boucs-émissaires et des héros sur la sortie de crise. Cette réflexion a fait l’objet de deux communications grand public.